La Ligue arabe, officiellement la Ligue des États arabes (arabe : جامعة الدول العربية), est une organisation régionale à statut d’observateur auprès de l'Organisation des Nations unies. Elle fut fondée le 22 mars 1945 au Caire par sept pays et compte aujourd'hui vingt-deux États membres. L'organisation de la Ligue arabe repose sur quatre organismes principaux : le sommet des chefs d'État, le Conseil des ministres, les comités permanents et le Secrétariat général dirigé par Nabil Al-Arabi depuis 2011. De plus, divers organismes ont été créés en application de traités qui complètent le pacte de 1945 et plusieurs agences spécialisées travaillent en étroite collaboration avec elle. Histoire En 1944, à la recherche d'une fédération des pays arabes, le gouvernement égyptien met en place un groupe d'étude chargé d'élaborer un projet2. Avec l'aide des Britanniques, la conférence d'Alexandrie du 25 septembre 1944 se conclut par la rédaction du Protocole d'Alexandrie, déterminant les bases de la future association3. La Ligue arabe est créée le 22 mars 1945 au Caire4. Les sept membres fondateurs de la Ligue arabe sont : l'Égypte, l'Arabie saoudite, l'Irak, la Jordanie, le Liban, la Syrie et le Yémen du Nord. L'association vise à affirmer l'unité de la « nation » arabe et l'indépendance de chacun de ses membres. Dès sa naissance, la ligue est divisée en deux camps aux visées politiques opposées, l'entente égypto-saoudienne favorable aux projets d'indépendance s'opposant à l'axe hachémite jordano-irakien plus enclin à une coopération avec la puissance britannique encore maîtresse de nombreux protectorats et mandats (Soudan, Palestine, Émirats, etc.). Par la suite, dans le contexte de l'anticolonialisme et de la guerre froide, une division s'opère entre États socialistes proches de l'URSS (Libye, Syrie) et États proches des États-Unis (Arabie saoudite, Émirats arabes unis)5. L'action de la Ligue est d'abord dirigée contre l'ingérence des puissances coloniales européennes dans la région, en l'occurrence la France et le Royaume-Uni. À partir de 1948, l'État d'Israël est également considéré comme une entité exogène au monde arabe rendant son existence illégitime. Un grand nombre de sommets de la Ligue arabe ont été tenus à la suite d'évènements spécifiques du conflit israélo-palestinien et arabe. Les résolutions les plus importantes de l'institution concernent d'ailleurs la Palestine. Après la crise du canal de Suez, le royaume d'Irak fut renversé, diminuant ainsi l'influence hachémite. L'Égypte, forte de son succès, représentait alors avec la Syrie l'axe nationaliste de la Ligue arabe qui s'opposait à l'axe monarchique et pro-occidental emmené principalement par l'Arabie saoudite et la Jordanie. Entre 1976 et 1983, la Ligue entretenait une Force arabe de dissuasion durant la guerre du Liban qui n'eut qu'un effet modeste sur le cours du conflit. Le 17 septembre 1978, l'Égypte signa les accords de Camp David avec Israël. Les ministres de la ligue arabe se réunirent en 1979 à Bagdad pour décider des sanctions diplomatiques et économiques à infliger à l'Égypte. L'Irak, contrairement à ses voisins arabes, demanda l'adoption de sanctions économiques symboliques, ne touchant pas le peuple égyptien. Le siège de la Ligue fut ainsi déplacé du Caire à Tunis. La Ligue fut alors privée de son membre le plus puissant, exclu pendant 10 ans, qui fournissait une part importante du personnel. Cela entraîna une baisse de l'influence de l'organisation. Le 10 septembre 1990, 12 des 21 membres de la Ligue arabe décidèrent le retour du siège au Caire. Malgré les protestations des neuf absents, le changement eut lieu le 31 octobre 1990. Un accord fut conclu le 26 novembre 1997 entre la France et la Ligue, accordant le statut diplomatique au Bureau de la Ligue arabe à Paris, ouvert en 1974, régissant ses privilèges et immunités sur le territoire français6. Cette unité politique est également mise à mal en 1990 lors de la guerre du Golfe où l'Irak envahit un autre pays membre, le Koweït. À cause de la prévalence de la souveraineté étatique sur l'intérêt panarabe, la Ligue n'a jamais fait ses preuves. Soixante ans après sa création, ni la question de la périodicité des sommets arabes n'a été tranchée ni celles de la procédure des votes, du caractère contraignant des décisions ou encore du recouvrement des cotisations. En 2002, après une proposition du prince d'Arabie saoudite Abdallah ben Abdelaziz Al Saoud, la Ligue arabe élabore l'initiative de paix arabe, fondée sur l'idée d'une paix globale au Moyen-Orient : en échange d'une normalisation des relations entre Israël et chacun des pays de la Ligue arabe, l'État hébreu se retirerait de la Cisjordanie, de la bande de Gaza et du plateau du Golan7. En 2007, au sommet de Riyad, cette proposition est relancée par une résolution nommée « réactivation de l'initiative de paix arabe ». Israël a jusqu'ici refusé de considérer cette initiative8. La plus grave crise connue par la ligue arabe fut le refus de celle-ci d'exécuter le mandat d'arrêt international rédigé par la Cour pénale internationale en 2009 à l'encontre du président soudanais Omar el-Béchir (en visite dans des pays de la ligue), accusé de génocide et de crimes de guerre. Pour nombre de pays occidentaux, ce fut un aveu de corruption et de non-respect des lois et libertés internationales. Appellation L'actuelle Ligue arabe aurait pu s'appeler la « Coalition arabe » suivant la proposition de la Syrie ou encore l'« Union arabe » comme le souhaitait l'Irak. La délégation égyptienne a quant à elle proposé l'appellation de « Ligue arabe » ; selon elle le concept est plus approprié aussi bien sur le plan linguistique que politique. Les participants ont fini par trouver un terrain d'entente et l'ont appelé la « Ligue des États arabes ». Adhésion L'article 1 de la charte de la Ligue dispose que chaque pays arabe indépendant a le droit d'adhérer à l'organisation. Le pays candidat doit pour cela déposer une demande au niveau du Secrétariat général permanent ; la demande sera alors étudiée par le Conseil. Il y a donc deux sortes de membres : ceux qui ont entériné la charte de la Ligue, au nombre de 7, et ceux qui demandent leur adhésion. Ces derniers doivent réunir certaines conditions pour pouvoir adhérer à l'organisation : le pays candidat doit être arabe et indépendant. L'adhésion de la Somalie et de Djibouti à la Ligue avait suscité une polémique au sein de l'organisation du fait que l'arabe n'est pas la langue officielle des deux candidats. Toutefois le Conseil de la Ligue a fini par accepter leurs candidatures eu égard à « leurs origines arabes ». L'Irak s'est opposé en 1961 à l'adhésion du Koweït sous prétexte que ce pays faisait partie de ses territoires ; le délégué irakien a même quitté le Conseil pour manifester son refus. La candidature du Koweït a finalement été acceptée par le Conseil qui ne pouvait faire autrement, puisque l'article 7 de la charte dispose que les décisions adoptées à l'unanimité doivent être appliquées par les pays membres. Perte de qualité de membre Chaque pays membre de la ligue a le droit de se retirer à condition de déposer un préavis d'un an. Le conseil n'exige pas des pays qui se retirent des explications toutefois il tente de comprendre les raisons qui les ont amenés à se retirer pour les convaincre de revenir sur leur décisions. Si la Ligue venait à amender sa charte, un pays membre pourrait se retirer s'il n'approuve pas les nouveaux amendements. La charte de la Ligue prévoit l'exclusion de tout pays membre qui ne respecterait pas ses engagements ; toutefois elle doit être prononcée à l'unanimité. Néanmoins le 12 novembre 2011 la Ligue a suspendu la souveraineté de la Syrie à la majorité qualifiée et non à l'unanimité des 22 pays arabes1. Ce statut n'est cependant pas irréversible puisque le membre exclu peut présenter une seconde candidature. Un État peut perdre sa qualité de membre s'il perd son identité juridique, comme cela s'est produit en 1958 lorsque l'Égypte et la Syrie ont décidé d'unir leurs États respectifs pour devenir la « République arabe unie » et en 1990 avec l'union du sud et du nord du Yémen qui a donné naissance à la République arabe yéménite unie. Cependant un pays qui perd sa souveraineté reste membre à part entière. Lorsque le Koweït a été envahi en 1990 par l'Irak, cela ne l'a pas empêché d'être représenté au sein de la Ligue. Composition La Ligue arabe est composée de vingt-deux membres : sept membres fondateurs auxquels se sont ajoutés par la suite quinze autres pays signataires. Ces pays, qui sont également membres de l'Organisation de la conférence islamique, représentent une population de 378 millions d'habitants en 2014 et une superficie de 13 500 000 km2. La Ligue arabe compte également cinq pays observateurs. Pays fondateurs Drapeau de la Jordanie Émirat de Transjordanie, émir Abdallah Ier, puis Royaume hachémite de Jordanie avec l'annexion de la Cisjordanie en 1950, revenue dans ses frontières initiales de Transjordanie sans rechanger de nom après la perte de la Cisjordanie en 1967 ; Drapeau du Liban République libanaise, président Béchara el-Khoury ; Flag of Syria (1932-1958; 1961-1963).svg République syrienne, président Shukri al-Kuwatli, puis Drapeau de la Syrie République arabe syrienne à partir de 1963 ; Drapeau de l'Arabie saoudite Royaume d'Arabie saoudite, roi Abd al-Aziz ben Abd al-Rahman Al Saoud ; Flag of Egypt (1922–1958).svg Royaume d'Égypte, roi Farouk Ier d'Égypte, puis Drapeau de l'Égypte République d'Égypte à partir de 1953 ; Flag of Iraq (1921–1959).svg Royaume d'Irak, roi Fayçal II d'Irak, puis Drapeau de l'Irak République d'Irak à partir de 1958 ; Flag of the Mutawakkilite Kingdom of Yemen.svg Royaume mutawakkilite du Yémen (Yémen du Nord), imam Yahya Muhammad Hamid ed-Din, puis République arabe du Yémen et République démocratique populaire du Yémen à partir de 1967. Pays signataires Diagramme des différents partenariats entre les pays de la Ligue arabe. À ceux-ci se sont ajoutés : Drapeau de Libye Libye (1953) ; Drapeau du Soudan Soudan (1956) ; Drapeau du Maroc Maroc (1958) ; Drapeau de la Tunisie Tunisie (1958) ; Drapeau du Koweït Koweït (1961) ; Drapeau de l'Algérie Algérie (1962) ; Drapeau de Bahreïn Bahreïn (1971) ; Drapeau des Émirats arabes unis Émirats arabes unis (1971) ; Drapeau d'Oman Oman (1971) ; Drapeau du Qatar Qatar (1971) ; Drapeau de la Mauritanie Mauritanie (1973) ; Drapeau de la Somalie Somalie (1974) ; Drapeau de la Palestine Autorité palestinienne (1976) ; Drapeau de Djibouti Djibouti (1977) ; Drapeau des Comores Comores (1993). Pays observateurs Drapeau du Brésil Brésil (2002) ; Drapeau de l'Érythrée Érythrée (2003) ; Drapeau du Venezuela Venezuela (2006) ; Drapeau de l'Inde Inde (2007) ; Drapeau de la Turquie Turquie (2011). Tableau comparatif Ci-dessous un tableau comparatif des pays membres de la Ligue arabe. Les pays sont initialement classés selon leur population. Rang Pays Population9 (2014) Superficie (km2) IDH 201210 1 Drapeau de l'Égypte Égypte 86 742 500 1 001 450 0,662 (moyen) 2 Drapeau de l'Algérie Algérie 39 500 000 2 381 741 0,713 (élevé) 3 Drapeau du Soudan Soudan 37 289 406 1 861 484 0,414 (faible) 4 Drapeau de l'Irak Irak 36 004 552 438 317 0,590 (moyen) 5 Drapeau du Maroc Maroc 33 308 400 710 000 0,591 (moyen) 6 Drapeau de l'Arabie saoudite Arabie saoudite 29 994 272 2 149 690 0,782 (élevé) 7 Drapeau du Yémen Yémen 25 235 000 527 968 0,458 (faible) 8 Drapeau de la Syrie Syrie 21 987 000 185 180 0,648 (moyen) 9 Drapeau de la Tunisie Tunisie 10 886 500 163 610 0,712 (élevé) 10 Drapeau de la Somalie Somalie 10 806 000 637 657 0,364 (faible) 11 Drapeau des Émirats arabes unis Émirats arabes unis 9 446 000 83 600 0,818 (très élevé) 12 Drapeau de la Jordanie Jordanie 6 602 580 89 342 0,700 (moyen) 13 Drapeau de la Libye Libye 6 253 000 1 759 540 0,769 (élevé) 14 Drapeau du Liban Liban 4 966 000 10 452 0,745 (élevé) 15 Drapeau de la Palestine Palestine 4 420 549 6 040 0,670 (moyen) 16 Drapeau d'Oman Oman 4 020 000 309 500 0,731 (élevé) 17 Drapeau de la Mauritanie Mauritanie 3 461 041 1 030 700 0,467 (faible) 18 Drapeau du Koweït Koweït 3 065 850 17 818 0,790 (élevé) 19 Drapeau du Qatar Qatar 2 174 035 11 586 0,834 (très élevé) 20 Drapeau de Bahreïn Bahreïn 1 234 571 758 0,796 (très élevé) 21 Drapeau de Djibouti Djibouti 886 000 23 200 0,445 (faible) 22 Drapeau des Comores Comores 743 798 2 235 0,429 (faible) Total Ligue arabe 378 227 054 13 138 418 Fonctionnement Secrétaires généraux 1945-1952 : Royaume d'Égypte Abdul Rahman Hassan Azzam 1952-1972 : Drapeau : République arabe unie Mohammed Abdul Khalek Hassouna 1972-1979 : Drapeau : Égypte Mahmoud Riad. 1979-1990 : Drapeau : Tunisie Chedli Klibi. 1991-2001 : Drapeau : Égypte Ahmed Asmat Abdel-Megid. 2001-2011 : Drapeau : Égypte Amr Moussa. 2011-maintenant : Drapeau : Égypte Nabil El Arabi. Siège de 1945 à 1979 : Le Caire (Égypte) ; de 1979 à 1990 : Tunis (Tunisie) ; depuis 1990 : Le Caire (Égypte). |
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